Plein d’amour à partager (Nirgal)

J’ai découvert le polyamour totalement par hasard, sur le bord d’un chemin de randonnée à Ténériffe à plus de 2000m. Enfin j’ai plutôt rencontré un couple de polyamoureux. C’était en 2007, j’avais vécu quelques mois plus tôt une rupture qui m’avait laissé abîmé. C’était une relation tout ce qu’il y a de plus classique, monogame avec son lot de jalousie, exacerbée par deux années passées à plus de 1000km l’un de l’autre. Mais une relation amoureuse où finalement on s’entête à voir dans l’autre tout ce dont on a besoin et à ne surtout pas chercher ailleurs ce qui pourrait mieux nous convenir.

Une relation assez classique où l’amour finit par s’étioler petit à petit parce qu’il n’est pas entretenu, qu’il n’est jamais remis en cause et qu’on finit par le penser acquis à jamais. Elle m’a quitté après 4 années, probablement parce qu’elle était plus lucide que moi sur ce que nous étions devenu.

J’étais parti seul faire de la randonnée, me couper de mon monde le temps d’une dizaine de jours et me retrouver avec moi-même. Et sur ce bord de chemin, je rencontre ce couple, habitant Bruxelles comme moi, avec qui j’ai passé un jour et demi, sans me douter un instant qu’elle était polyamoureuse et qu’elle allait changer bien des aspects de ma vie. Un jour et demi plus tard on se sépare, heureux simplement de la rencontre et avec une vague promesse de se revoir pour échanger histoires et photos de vacances, mon adresse e-mail juste écrite dans la mémoire de son téléphone portable.

Les vacances se finissent (toujours malheureusement) et je me retrouve repris dans ma vie, mon travail, avec juste le souvenir d’une rencontre heureuse et d’un bout de chemin partagé. Quelques jours plus tard son amoureux me recontacte, pour se voir tous ensemble, et replonger dans les vacances le temps d’une soirée. Jusque là, je ne sais toujours pas ce qu’est le polyamour, j’ai rencontré une femme qui me plaît mais qui est en couple et amoureuse. Jusque là rien d’étrange, mais aussi aucune possibilité de s’engager dans autre chose que de l’amitié. Une amitié qui commence d’ailleurs plutôt avec son homme.

Après quelques mois à se voir de manière épisodique, ils décident d’organiser un week-end de randonnée dans les Ardennes. C’est là qu’après deux jours je fais face pour la première fois au polyamour : je la vois embrasser un autre homme. Mais pas un bisous caché comme le ferait une femme qui trompe son amoureux. Il se trouvait là, à quelques mètres, certes occupé à parler à quelqu’un d’autre, mais juste là à côté. Je pense que mon regard sur la situation, a oscillé entre l’incompréhension et la perplexité. Pour elle, elle me l’a raconté plus tard, mon regard tenait plus de la vision d’un affreux carambolage. 5 minutes après, sur le chemin du retour, elle m’a expliqué qu’elle était polyamoureuse, ce que c’était et que ces deux hommes occupé à discuter devant dans la voiture comme des amis (qu’ils sont toujours d’ailleurs) étaient tous les deux ses amoureux et que ça se passait très très bien. C’était surtout une explication pour ne pas que j’aille m’imaginer tout ce qui peut passer par la tête de quelqu’un qui ne connaît rien au polyamour, qui n’en a jamais entendu parler et qui n’a même peut être jamais pensé à l’idée même d’amours pluriels. On reste après tout conditionné par le monde dans lequel on a grandi.

Et puis petit à petit l’idée a fait son chemin. Pas tant dans le fait de devenir moi-même polyamoureux. J’étais célibataire depuis un moment, je suis assez timide par nature et j’aurais été déjà très content d’avoir une relation amoureuse, alors plusieurs en même temps… Mais plus dans le fait que cette femme qui était inaccessible parce que en couple, revenait dans le champ des possibles. Elle me plaisait, le courant passait bien entre nous et je me disais au fond de moi “pourquoi je ne pourrais pas partager avec elle un petit quelque chose?”. Sans être polyamoureux, j’imagine qu’à ce moment déjà je faisais preuve de plus d’ouverture d’esprit que le monogame standard qui ne conçoit pas de pouvoir partager une femme. Je savais aussi pertinemment que je ne prendrais pas la place de son amoureux principal. Mais pour être totalement honnête, le fait d’être à ce moment seul depuis plus de 6 mois, de n’avoir rencontré personne depuis un moment et de vouloir un peu de tendresse a aussi joué.

Je passe sur le début de l’histoire, mais je la remercie toujours d’être venue me chercher. Et voilà comment j’ai plongé dans le polyamour il y a un peu plus de 4 ans. Depuis ma relation polyamoureuse m’a beaucoup apporté, tout d’abord forcément beaucoup d’amour, parce que cela à beau être poly, cela reste tout d’abord de l’amour. Mais cela m’a aussi permis d’en apprendre beaucoup sur moi, de me questionner, de me remettre en question et d’essayer de mieux me comprendre. La liberté de pouvoir aimer plusieurs personnes est très belle, mais il y a des moments où la jalousie reprend le dessus, où on a peur que la personne qu’on aime en vienne à en aimer un autre plus que soi, où on sait qu’on est poly et qu’il faut laisser à l’autre sa liberté, mais où au plus profond de ses tripes, on a une boule, on a quelque chose qui coince. Et chaque fois que cela arrive, j’ai essayé de me remettre en question, j’ai essayé de comprendre d’où cela venait, sinon cela aurait finit par me bouffer de l’intérieur.

Etre poly a, à mon sens, un énorme avantage sur une relation monogame classique : il n’y a plus la peur d’être trompé. On ne recherchera jamais les traces d’une tromperie, on essayera pas de savoir si son amoureuse en voit un autre, échange des sms en cachette,… On sait de manière sûre et certaine que c’est le cas. C’est finalement un des problèmes principaux qui conduit à la rupture de pas mal de couples monogames qui est évacué avant de commencer.

Au début je n’ai pas resenti de jalousie, j’étais le dernier amoureux en date, les autres étaient déjà là et c’est vers moi qu’elle était venue pour partager de l’amour en plus. Tout est facile, c’est le début de la relation avec l’euphorie qui l’accompagne. Après quelques semaines ou mois, certaines de ses relations qu’elle avait quand on a commencé à se voir, se sont finies. Là c’est le moment qu’on attend sans trop vouloir se l’avouer, où finalement si elle ne voit plus quelqu’un d’autre, ça nous fait plus de temps ensemble. Tout se remet en place dans un schéma monogame, on va devenir L’Amoureux et effectivement pendant quelques semaines elle ne voyait quasiment plus que moi.

C’est forcément à ce moment là que ça se corse et elle rencontre quelqu’un avec qui elle démarre une nouvelle relation. Je commence alors à me poser plein de questions, je me demande pourquoi elle va voir quelqu’un d’autre, est ce que je ne lui suffis pas, qu’est ce qu’il a de plus que moi, … enfin je me remet en question moi et notre relation. C’est probablement le moment le plus dur, ce moment où il y a une nouvelle relation, parce qu’on a l’impression d’être l’ancien, l’usé. Si elle passe à autre chose, elle ne va pas tarder à me quitter, après tout elle en a quitté un autre il n’y a pas si longtemps. C’est à ce moment là que j’ai du opérer un changement dans ma vision de notre relation. J’ai commencé alors à poser des petites questions, qui c’est, qu’est ce qu’il fait, il a quel âge? Mais petit à petit parce que je n’avais pas envie de savoir, finalement l’ignorance c’est facile, c’est confortable. Mais je suis aussi curieux et j’essayais de récupérer des petits bouts d’information. Ensuite j’ai essayé de me comparer à lui, de me dire que si je suis mieux que lui, elle va rester avec moi,… Plus j’essayais la comparaison, plus je me rendais compte qu’il était ni mieux ni moins bien (ou mieux sur certains aspects et moins bien sur d’autres). Pendant un moment j’ai essayé quand même de me dire que j’étais mieux, mais pour finir je me suis rendu compte qu’il était juste différent.

Ca a été à la fois un choc et un soulagement. Un choc parce que je me suis rendu compte que je ne pouvais pas tout lui apporter, il y a des choses qu’il était et que je n’étais pas et que je ne serai probablement jamais. Un soulagement parce qu’il n’était justement pas moi, qu’elle n’allait pas me remplacer par lui puisque j’apportais d’autres choses que lui. La première fois est forcément la plus dure, cela devient plus facile après sans pour autant devenir anodin et je repasse quand même par ces phases quand elle commence une nouvelle relation. En fait, ce n’est peut-être pas plus mal vu que cela permet de se remettre en question à chaque fois. L’amour n’est pas acquis et pendant deux jours je reprends une boule au ventre le temps que mes tripes comprennent qu’elle m’aime et que l’amour qu’elle donne à un autre homme n’est pas le même que celui qu’elle a pour moi. La boucle est bouclée, mais il y a un homme en plus dans sa vie et toujours 7 jours dans une semaine. Mathématiquement cela fait moins de moments possibles ensemble, mais je sais qu’elle m’aime et c’est finalement ça l’important.

J’avais ma jalousie, mes questionnements, ma découverte du polyamour et de ses différents aspects à gérer. Je n’ai jamais eu à y faire face seul heureusement. J’ai aussi découvert une relation beaucoup plus ouverte que ce que j’avais connu avant. J’ai toujours pu parler de mes sentiments et de mon ressenti à tout moment. J’ai aussi pu parler facilement de ma vie, de toute ma vie en ce y compris des filles que j’ai pu rencontrer, ce que je n’avais jamais pu faire dans ma relation précédente. Elle était polyamoureuse depuis bien longtemps avant moi et ces questions sur la jalousie elle les avait réglées depuis longtemps. Elle avoue être toujours jalouse, mais elle m’aime et elle a envie de savoir ce que je vis, d’y participer, de m’aider et de me connaître complètement.

Une fois que la jalousie n’était plus un problème, je me suis demandé quoi faire de ces autres amoureux, comment interagir ou non avec eux. Au début de la relation c’est facile, je l’avais rencontrée avec un de ses amoureux, c’était sa relation principale, cela arrivait qu’on se croise vu qu’ils habitaient ensemble et c’était naturel. C’est encore lorsque survient le nouvel amoureux que cela se complique. Le premier je n’ai jamais voulu le rencontrer. Je sais des choses sur lui et réciproquement j’imagine, mais on reste indifférent depuis plus de 3 ans que dure leur relation. Au début je ne voulais absolument pas le rencontrer, après tout c’était lui qui prenait une partie de son amour. Comme je l’ai expliqué au dessus, l’argument ne tient pas mais le temps d’en être parfaitement convaincu un bon moment était passé. Finalement l’ignorance cordiale est plus simple que la confrontation. On est resté ses deux relations durables pendant longtemps mais depuis quelque mois elle voit une troisième personne et il a évoqué le désir de me rencontrer.

J’y ai beaucoup réfléchi et je me suis fait un peu violence en me disant que si elle aimait quelqu’un ça devait être quelqu’un de bien et d’intéressant (après tout elle est amoureuse de moi :D). On a fini par aller manger un midi ensemble, c’est aussi un poly depuis longtemps, et quelqu’un de remarquable à mon sens. J’en suis ressorti soulagé, j’ai compris pourquoi elle pouvait l’aimer mais je sais aussi qu’elle m’aime et que les deux ne sont pas liés. Comme je le disais plus haut, il est différent de moi sur plein de niveaux et on entre donc pas en compétition. L’amour qu’elle nous porte n’est pas lié et si elle l’aime plus ce n’est pour cela qu’elle va m’aimer moins. Du coup si on ressent une baisse de l’amour dans notre couple ce n’est pas la faute de cet autre homme, c’est la mienne ou la notre. Les amours ne sont pas connectées et il n’y a personne à blâmer, c’est à la fois une force mais cela fait aussi peur car en cas de problème on se retrouve face à soi -même sans pouvoir trouver un bouc-émissaire sur qui transférer ce qui ne va pas. C’est aussi ce qui différencie le poly du mono: elle ne va pas me quitter pour un autre que je pourrai accuser d’avoir ruiner mon amour, si elle me quitte c’est à cause de moi et comme je l’aime je ne dois pas laisser notre amour s’étiloler. C’est précisément ce point qui m’avait coûté mon amour précédent. Pour le moment je n’ai rencontré son nouvel amoureux que face à face et jamais en sa présence. C’est toujours un point sur lequel j’ai du mal, j’ai toujours cette peur de les voir s’embrasser et de me voir tendre un miroir me renvoyant ma jalousie et toutes mes appréhensions. Cela finira forcément par se produire étant donné que la communauté polyamoureuse n’est pas bien grande, que l’on participe tous de temps à autre à des rencontres et que je n’ai envie ni d’empêcher un d’eux d’y participer, ni de ne pas y aller juste pour éviter de me confronter à mes peurs.

Le deuxième point difficile du polyamour à mon sens est la relation au reste du monde. Faut-il en parler ou pas et à qui? J’ai choisi dès le départ d’en parler à mes amis et à ma soeur. J’ai par contre laissé cette partie de ma vie de côté auprès de mes parents (même s’ils doivent bien se douter qu’il y a quelque chose de différent dans notre relation), de la famille et des gens dont je ne suis pas proche en ce compris évidemment mes collègues de travail. Etant donné que je n’ai qu’une relation principale, c’est finalement assez facile, je passe pour un simple monogame auprès d’eux.

J’ai eu des réactions assez variées auprès de mes amis que je vais passer en revue de façon non exhaustive. La plus dure est probablement celle de cet ami qui ne comprend absolument pas ce que je peux vivre. J’ai parfois l’impression qu’il pense que je met en péril son couple. Il vit une relation on ne peut plus traditionnelle, copine rencontrée à l’université, demande en mariage après 6 ans une fois qu’elle a été presque diplômée, bébé prévu une fois le mariage passé et achat d’une maison lorsque que leur situation financière leur permettra. Du classique … Je n’ai pourtant jamais cherché à les faire devenir poly, je n’ai jamais cherché à dragué sa copine, d’abord parce que c’est un de mes meilleurs amis et surtout parce qu’elle ne m’attire pas du tout non plus. Et malgré tout, il n’arrive pas à accepter ma relation et transfère ce rejet sur mon amoureuse. Qu’il ne l’aime pas pour elle et sa personnalité cela ne me dérange, après tout ce n’est pas lui qui passe du temps avec elle, mais j’ai parfois le sentiment qu’il ne l’aprécie pas pour ce qu’elle représente, comme si notre polyamour allait contaminer son couple et lui faire perdre ce qu’il construit depuis 7 ans.

Il y a ceux qui sont content pour moi, que je sois amoureux et épanoui. Ceux assez proche qui sont indifférents. Après tout c’est ma vie, mon histoire et notre amitié est liée à plein de facteurs mais certainement pas à qui je suis amoureux. Tant que je ne fais de mal à personne ma vie amoureuse est mon problème et si ça ne va pas ce sont mes amis et ils seront là pour moi. Il y a aussi les “incrédules” (le premier cité appartient à cette catégorie aussi), pour qui ma relation ne pouvait pas durer, pour qui c’était juste une passade, une aventure sexuelle qui va s’éteindre d’elle-même et dans laquelle je ne peux pas être heureux. Malheureusement pour eux, cela fait 4 ans, je n’ai pas l’air plus malheureux qu’un autre, avec forcément des hauts et de bas et ils ont bien duû finir par réviser leur jugement. Et en plus je garde une liberté qu’ils ont perdu lorsqu’ils se sont mis en couple, ce qui peut en agacer certains. Et il y a le dernier qui a mis du temps à comprendre vraiment ce que je pouvais vivre, qui a pris le polyamour pour de l’échangisme (mais je n’ai jamais échangé mon amoureuse pour une autre), du libertinage (raté aussi on est assez classique dans notre relation polyamour mis à part) ou que sais -je. Mais c’est peut être au final celui qui le comprend le mieux, parce qu’il s’y est intéressé, qu’il a mis du temps mais que petit à petit, par élimination il a pu réduire le polyamour à son essence d’amours pluriels.

Et puis il y a tous les petits plus qui sont liés au polyamour. La communication est plus facile. La liberté de faire ce qu’on veut du temps qu’on ne passe pas ensemble. On ne devient pas un de ces couples qui ne peuvent plus se décoller et avec lesquels si on veut en voir une composante on est obligé d’avoir à chaque fois l’autre en prime cadeau. On reste deux personnes complètes en plus de notre couple. Mais on a aussi la liberté de rencontrer qui on veut, de ne pas se limiter en essayant de ne pas nouer des liens avec de nouvelles femmes pour ne surtout pas qu’elle aille penser qu’on aurait envie de la tromper.

Je conclurai en me demandant si je peux me dire polyamoureux si je n’ai jamais été amoureux de plus qu’une personne en même temps. En 4 ans j’ai eu des aventures, des attirances, des débuts de relation qui n’ont rien donné, mais jamais un autre amour. Ca tient pour beaucoup à moi, à ma timidité et ma difficulté à nouer des relations (mais je me soigne :), mais aussi au fait que le poly fait peur à pas mal de monde, est mal perçu, mal compris (je ne l’explique peut être pas toujours de mieux possible) ou pris pour autre chose. Quand j’en parle à quelqu’un que je viens de rencontrer, j’ai souvent des grands regards très interrogatifs, peut -être à rapprocher de celui que j’ai eu quand j’ai vu mon amoureuse embrasser cet autre homme.

Voilà un résumé de mon cheminement polyamoureux de ces quatre dernières, de mes questionnements et de mon évolution. Ce n’est qu’un début et il me reste heureusement encore plein de choses à découvrir dans le polyamour, beaucoup des questions à résoudre et plein d’amour à partager.

Nirgal

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9 Replies to “Plein d’amour à partager (Nirgal)”

  1. Et bien c’est bien, tu n’écris rien sur le forum pendant 3 ans, puis tu lâches le gros morceau…

    Merci Nirgal pour ce beau texte qui je pense à sa place sur le site.

    C’est intéressant car tu parles d’un trajet de 4 ans, et cela donne du recul aussi pour toutes les personnes qui débutent, en plus c’est le point de vue d’un homme, ce qui est plus rare.

  2. Ho très joli Nirgal, cela m’a beaucoup plu de te lire! J’ai bien hate de te rencontrer demain :).

    J’ai aimé toutes tes précisions, ta façon d’aller visiter tes sentiments et de les balancer, questionnements compris.:)

    A très vite donc 🙂

    Caroline

  3. J’aime aussi !

    J’ai juste tiqué lorsque tu dis, au 14ème paragraphe : “Du coup si on ressent une baisse de l’amour dans notre couple ce n’est pas la faute de cet autre homme, c’est la mienne ou la notre”.

    Oui, car évidemment je suis d’accord avec le fait que ce n’est pas la faute de cet autre homme, mais… mais tout simplement, pour moi il n’y a pas faute : ni la mienne, ni la nôtre. Si on ressent une baisse de l’amour, eh bien c’est qu’il y a peut-être en effet une baisse.

    Et c’est important.

    Ah ça, oui oui oui, c’est important.

    Mais ce n’est pas grave.

    Et ce n’est certainement pas une faute.

    Au grand max, c’est peut-être en effet une opportunité de se remettre en question, de chercher à relancer, à booster cet amour en baisse, et donc de reconnaître la responsabilité qui est en jeu : la nôtre, la mienne, la sienne…

    Mais non seulement je vois cela en termes non de faute mais de responsabilité EVENTUELLE, mais aussi, j’aime à me souvenir que les saisons passent. Si notre amour baisse, c’est peut-être simplement un petit coup de froid, de frais, une brume passagère, voire un hiver sentimental, et qui sait…? cela peut aussi un jour annoncer un changement dans la relation : on passe à autre chose, une amitié, que sais-je…

    Mais pas une faute, grands dieux non, pas une faute : lorsque vient avril, apparaît l’ail aux ours et les jacinthes des bois. Puis mai, avec le retour du muguet et des jonquilles, voit disparaître les jacinthes et les aulx d’avril. Simplement parce que leur saison est game over : ils reviendront en avril 2013, 2014… Mais ce n’est pas leur faute, tout de même ?

  4. Aaah, Clémentine…

    Qu’il est doux de te voir passer !

    Ô Toi, mon tendre Nirgal, je souris de stupéfaction bienheureuse en te relisant encore : c’est vrai, quoi : sur le post tu évoques une “synthèse” puis… tadzââm : je me retrouve nez à nez avec ce roman-fleuve ! Gnya pas à dire : toi, quand tu sors de ta réserve, tu y vas !

    Je prends conscience que tu me manquais, aussi : souvent je m’étais fait la réflexion que je ne te voyais qu’en vrai… puis en vertu de ma sacro-sainte obtempérance, je me disais que c’était ainsi, qu’écrire sur le forum ne devait pas être ta tasse de thé. Et au nom de ce respect de ta liberté, dont je me fais un devoir (en bon poly, hein…), je ne voyais même plus que j’avais envie de te lire un jour. Je n’y pensais plus.

    Merci donc, de faire choir de la sorte les écailles de mes oculaires, et merci pour tout ça ! Et Tenerife… tcheu, dis… que de souvenirs là-bas, pour moi itou…

    Tu m’as fait rêver et vibrer dans tous les coins de mon coeur, passés, présents et à venir…

  5. Ce lever de soleil me rapelle qqch…

    Malgre (et peut etre surtout a cause de ?) ma partialite et ma subjectivite a propos de ce texte, je le trouve important et eclairant sur les impedimenta de la vie affective, sur les enjeux du tracé de nos vies et notre responsabilite au sujet de ce que nous avons dans les mains 🙂

  6. Ce texte-confession est très touchant et résonne pour moi de multiples façons.

    Je crois qu’à un moment ou l’autre de son parcours, chaque polyamoureux est confronté à ce type de sentiments, de questionnements, d’appréhensions… et y fait face du mieux qu’il peut. Ce fut également mon cas, avec plus d’une similarité.

    Cher Nirgal, même si nous sommes différents à plein de niveaux, il semblerait aussi que nous ayons malgré tout plus d’un point commun… 🙂

  7. Très beau témoignage… qui a le mérite de nous montrer que sur le chemin poly, il y a fréquemment des embûches. “La tête et le ventre” ne sont pas toujours en connexion et interfèrent parfois…

    J’aurais envie de revenir sur une question. Doit-on forcément entretenir soi même plusieurs relations pour pouvoir se dire polyamoureux? Ma propre réponse est non. Pour moi, cela relève d’abord d’un mode de pensée et ensuite d’un mode de vie.Vivre selon un mode poly ne sous-entend pas qu’il nous faille toujours tous être dans des relations plurielles. Il est important pour moi de ne pas enfermer le polyamour dans un modèle. Sans en faire un cheval de bataille, le poly conteste un modèle institutionnalisé, ne faisons pas de même avec notre mode de vie…

    Il y a pour moi autant de façon possible de vivre le polyamour qu’il n’y a de polyamoureux…

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